Au Forum Européen de la Robotique, KUKA refuse de s’engager dans la course aux robots humanoïdes – L’Europe risque-t-elle de rester à quai ?
Lors du récent Forum Européen de la Robotique à Stuttgart, une déclaration des représentants de KUKA Research a créé un silence gênant dans la salle : “Nous ne travaillons pas sur des robots humanoïdes.” Cette position tranchée soulève une question cruciale : l’Europe est-elle en train de manquer le train de l’innovation robotique la plus médiatisée du moment ?
Un refus qui interroge au moment du boom des humanoïdes
Cette décision de KUKA, géant allemand de la robotique industrielle, intervient précisément quand les investissements dans les robots humanoïdes explosent aux États-Unis et en Chine. Figure 1, Tesla avec Optimus, Boston Dynamics avec Atlas, Unitree, Apptronik, ou encore les récentes initiatives d’Amazon et Agility Robotics – les acteurs majeurs hors d’Europe semblent tous convaincus que l’avenir de la robotique passe par les plateformes humanoïdes.
Interrogés directement sur cette position conservative, les représentants de KUKA ont offert une réponse évasive : “peut-être plus tard”. Une hésitation qui traduit possiblement un manque de vision stratégique à long terme, alors que le marché potentiel se dessine déjà.
L’Europe en retard d’innovation : un consensus inquiétant
Lors d’une session plénière du même forum, plusieurs leaders européens de la recherche en robotique ont ouvertement reconnu le retard de l’Europe en matière d’innovation. Le diagnostic est sans appel : le modèle européen de financement, trop dépendant des fonds publics de l’UE, ne permet pas de rivaliser avec le dynamisme américain où les grandes entreprises sont les principaux moteurs d’innovation.
Un investisseur américain présent dans l’audience a d’ailleurs souligné un problème culturel fondamental : “Les entreprises européennes semblent terrifiées à l’idée d’échouer. Sans prise de risque, pas d’innovation de rupture.”
Le paradoxe du marché robotique européen
Malgré un marché robotique européen évalué à environ 13,5 milliards d’euros – représentant 25% du marché mondial – l’Europe peine à maintenir son avantage concurrentiel. Son excellente capacité de recherche ne se traduit que rarement en succès commerciaux d’envergure mondiale.
Pourquoi KUKA devrait reconsidérer sa position
Plusieurs arguments plaident pour un investissement de KUKA dans le domaine des robots humanoïdes :
Leadership technologique : Développer des robots humanoïdes permettrait à KUKA et à l’Europe de maintenir leur avantage concurrentiel en robotique et en intelligence artificielle.
Diversification des marchés : Les robots humanoïdes offrent des applications potentielles dans divers secteurs, notamment la santé, l’exploration spatiale et l’intervention en cas de catastrophe.
Réponse aux pénuries de main-d’œuvre : L’Europe fait face au vieillissement de sa population active et à des pénuries de travailleurs qualifiés. Les robots humanoïdes pourraient combler les lacunes dans les industries où des capacités semblables à celles des humains sont nécessaires.
Collaboration homme-robot améliorée : L’expertise de KUKA en matière de collaboration homme-robot pourrait être exploitée pour développer des robots humanoïdes plus avancés et intuitifs.
L’hésitation de KUKA reflète peut-être une approche trop prudente typiquement européenne. Mais dans un monde où l’innovation s’accélère, attendre “peut-être plus tard” pourrait signifier ne jamais rattraper le retard face aux concurrents américains et asiatiques déjà lancés à pleine vitesse dans cette course technologique.